Africam, un projet pour la détection précoce des maladies émergentes

Science en action 29 janvier 2024
Le Cirad a réuni 130 personnes le 25 janvier dernier pour le coup d’envoi d’Africam. Au programme : présentation des activités transversales et échanges entre les 34 partenaires des 5 pays. Cet ambitieux projet coordonné par le Cirad, en collaboration avec l’IRD, vise à prévenir l’émergence de maladies grâce à des systèmes de surveillance durables et économiquement viables, et plus globalement en construisant des socioécosystèmes résilients.
La santé humaine, animale et environnementale est interconnectée © R. Belmin, Cirad
La santé humaine, animale et environnementale est interconnectée © R. Belmin, Cirad

La santé humaine, animale et environnementale est interconnectée © R. Belmin, Cirad

« Au Cameroun, le projet AfriCam va renforcer les capacités de détection rapide des pathogènes émergents, témoigne Élisabeth Dibongué, point focal d’AfriCam au Cameroun. Ça démarre par une forte collaboration entre tous les niveaux de la pyramide sanitaire et administrative et dans tous les secteurs de la santé humaine, de la santé animale et de la santé environnementale ».

Après des lancements dans chacun des pays bénéficiaires (Cambodge, Cameroun, Guinée, Madagascar et Sénégal), ce 25 janvier était le coup d’envoi global pour AfriCam - Prévenir et surveiller l’émergence de maladies zoonotiques en Afrique et au Cambodge. Le Cirad qui pilote ce projet a réuni l’IRD, l’AFD, les 34 partenaires du projet et des représentants des autorités nationales des 5 pays concernés.

Marie-Marie Olive, épidémiologiste au Cirad et coordinatrice, a présenté le cadre global du projet ainsi que les activités transversales scientifiques, techniques et de formation qui seront mise en œuvre dans les pays. Ensuite, chacun des investigateurs principaux a présenté les grands objectifs d’AfriCam dans chacun des pays. La cellule d’animation scientifique et transversale a été présentée, par Manon Lounnas de l’IRD, ainsi que les grandes thématiques de recherche et opérationnelles qui seront développées entre les pays. Enfin la parole a été donnée à certains partenaires pour mettre en lumière des activités menées dans le cadre d’AfriCam.

Pour Marie Edan, cheffe de projet à l’AFD, « le projet AfriCam porte un vrai défi institutionnel de faire travailler ensemble les acteurs de secteurs publics, associatifs ou de recherche et qui sont réunis autour d’un objectif comme, celui de la prévention des pandémies d’origine zoonotique. Cela nécessite donc un dialogue constant entre les acteurs pour que les résultats de la recherche puissent se traduire en politiques publiques ».

Au niveau global, après les diverses phases de contractualisation entre les partenaires, le Comité d’animation scientifique et transversale a formalisé les thématiques transversales qui seront développées entre les pays.

Des activités ont été lancées dans plusieurs pays. Comme à Madagascar, des enquêtes et prélèvements dans la population canine ont été réalisés, ainsi que des études socioépidémiologiques pour comprendre la perception des communautés locales face aux risques liés à la faune sauvage et un plan d’action pour la mise en place d’un système de surveillance intégrée.

« Au Sénégal, le projet a été coconstruit avec les partenaires à tous les niveaux, du national au local, souligne le docteur Khadidja, point focal AfriCam Sénégal. Les communautés jouent un rôle important dans le projet AfriCam, notamment dans sa mise en œuvre au niveau des départements de Dagana et Kedougou, site d’étude du projet AfriCam ».

Le projet AfriCam
Le projet AfriCam est la première tranche du programme Preacts (PREZODE in action in the global South), visant à prévenir de l’émergence de zoonoses via la construction de socioécosystèmes résilients et de système de surveillance des maladies zoonotiques, durables et économiquement viables. Le Cirad est à la coordination globale d’AfriCam en étroite collaboration avec l’IRD.
Pendant trois ans, ce projet vise à répondre aux besoins nationaux des cinq pays ciblés et s’appuie sur les piliers de l’initiative PREZODE :
- Renforcer les connaissances sur les risques d’émergences de zoonoses à l’interface humain-animal-écosystème, en fonction des contextes socioculturels, de l’environnement et des usages et contraintes socio-économiques locales
- Identifier, surveiller et réduire ces risques en développant, avec les acteurs de première ligne, des stratégies de surveillance à l’échelle locale, dans l’optique d’alimenter les politiques publiques à une échelle plus globale
- Comprendre les inégalités de genre dans l’émergence des maladies zoonotiques afin de mieux les prendre en compte dans les stratégies de prévention et de réduction des risques 
- Renforcer les capacités de gestion des risques au niveau des territoires, en appuyant les acteurs et initiatives locales existantes
- Renforcer les capacités et l’inclusion des organisations locales en s’appuyant sur les sciences participatives et la mise en place d’un dialogue permanent entre sciences-société-politique
- Renforcer les partenariats et promouvoir les collaborations entre initiatives et secteurs, en s’appuyant sur les outils existants et/ou développés dans le cadre d’autres projets
34 partenaires dans 5 pays
Cambodge : Hôpital de Battambang, Institut Pasteur du Cambodge, Agronomes et vétérinaires sans frontière (AVSF), Wildlife Conservation Society (WCS), Institut de technologie du Cambodge (ITC), iDe
Cameroun : Plateforme One Health, Centre Pasteur Cameroun, Centre de recherche sur les maladies émergentes et re-émergentes (CREMER), ANRS-MIE site Cameroun, Laboratoire vétérinaire national du Cameroun (LANAVET), Fondation Paul Ango Ela, ministère de l’Environnement, Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD), Université Dschang, Ecole de Faune de Garoua, Université Douala, Université Yaoundé, Université Ngaounderé, Association autonomie alimentaire Afrique (4A)
Guinée : Plateforme One Health, Centre de recherche et de formation en infectiologie de Guinée (CERFIG), Université de Sonfonia, Institut national de santé publique, le Programme de lutte contre les maladies tropicales négligées (PNLMTN)
Madagascar : FOFIFA-DRZV, Institut Pasteur de Madagascar, AVSF, ONG PIVOT, Centre Valbio, WCS, Université d’Antananarivo, ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (Centre national de recherche pour l’environnement - CNRE), ministère de la Santé publique (Direction de la Veille sanitaire, surveillance et riposte - DVSSER, et Direction des études, de la planification et du système d’information - DEPSI), ministère de l’Agriculture et de l’Élevage (Direction des services vétérinaires - DSV), ministère de l’Environnement et du Développement durable de Madagascar (Centre nationale de recherche pour l’environnement - CNRE, et Madagascar National Parc- MNP)
Sénégal : Plateforme One Health, Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), AVSF, Institut Pasteur de Dakar.